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4 août 2010 3 04 /08 /août /2010 09:01

Je me méfie de ceux qui ont opinion sur rue. C'est un acquis de naissance.

 

De manière involontaire, comme à peu près tout ce qu'elle faisait d'ailleurs, ma grand-mère paternelle a amplement participé à cette évolution de ma personne. Pour ma famille, tenter de raisonner est une démarche intellectuelle atypique, une anomalie disgrâcieuse qui a toujours été considérée comme une dégénérescence précoce, voire comme la preuve que je devais être l'unique non-consanguin du clan. 

Grâce à ma naissance, ils ont enfin pu cracher leur haine ailleurs que sur mon adorable oncle Bernard, ce "sale pédé qui nous fait honte avec son sida que c'est bien fait pour son cul, que même les animaux font pas ça". 

Ce même Bernard, qui a personnellement allumé mon propre bûcher, trop content de pouvoir décéder dans le silence inespéré de l'indifférence familiale. D'ailleurs, il est peut-être même pas mort, si ça se trouve.

 

Bref, d'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours été le bouc-émissaire, le révolté de service, celui que l'on montre du doigt parce qu'il ne rit pas aux blagues pipi-caca des repas dominicaux et qu'il ne contribue pas à la liesse générale en aidant à attacher un enfant à la broche du méchoui que l'on vient d'ingurgiter "pour faire semblant de lui mettre au cul et de le cuire"... le "faire semblant" allant tout naturellement jusqu'à l'installer ainsi "embroché" au-dessus des braises encore brûlantes jusqu'à ce qu'il pleure et avoue ce qu'on ne lui avait pas demandé.

Je les vois encore, ces têtes flasques d'apprentis nazis franchouillards, aux cous multiples parcourus d'une énorme veine bleue exagérément gonflée où l'on voit avec désespoir battre une vie que l'on sait d'avance vaine. Je les vois encore ces yeux globuleux injectés du sang des autres, arabes si possible, ou femmes à la limite. Je les entends encore ces rires aussi gras que les informités qui leur servent d'alibis officiels afin d'évacuer leurs MST en toute légalité gélatineuse.

 

Oui, j'ai toujours pensé avoir échappé aux relents rougeauds sur fond de racisme ordinaire, des pochtrons décérébrés, des amas de viande avariée qui forment ma famille. Jusqu'à il y a peu.

 

  

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commentaires

M
<br /> <br /> et ben....<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> J'ai peur de  ce que je vais lire, mais je ne peux m'empecher d'attendre!<br /> <br /> <br /> <br />
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P
<br /> <br /> hm... vu d'ici moi je l'aime déjà, ta famille. Il me tarde que tu y creuses de nouveau, dans le jardin de mémé.<br /> <br /> <br /> <br />
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R
<br /> <br /> A force de creuser, je vais finir par y trouver mémé.<br /> <br /> <br /> <br />
J
<br /> <br /> tenter de raisonner est une démarche intellectuelle atypique<br /> <br /> <br /> Ça c'est de l'aphorisme, putain ! Comme j'aimerais que ton texte ne soit que de la fiction !!<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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R
<br /> <br /> Ben en fait, j'ai pas encore décidé si ce serait de la fiction ou de la réalité<br /> <br /> <br /> <br />
S
<br /> <br /> je l'attendais depuis tellement longtemps, ce texte...<br /> <br /> <br /> <br />
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