Il fallait qu’il comprenne, quitte à pourrir dans ce trou. Le sentiment d’inachevé qu’il avait de cette affaire était exactement comme ces rêves dont on ne sait pourquoi ils nous mettent mal à l’aise. Un peu comme s’il avait réussi cinq faces d’un rubik’s cube, mais que la sixième n’était pas faite. Un truc que l’on sait impossible et qui procure un insupportable sentiment d’impuissance. Une autre torture à mettre à l’actif du tueur en série.
Au petit matin, emmitouflé dans sa parka et son odeur de mauvais café, il transperça le brouillard humide et glacial. Le genre de ceux qu’on ne trouve qu’ici, et qui donne le sentiment d’une punition divine permanente. Il s’interloqua deux minutes devant le grand marionnettiste exceptionnellement décidé à fonctionner. Il dubitatifa à l’écoute de l’histoire improbable des 4 fils Aymon que le géant lui raconta péniblement, et dirigea sa démarche d’ours vers la prison.
Lorsque le jeune tôlier déferma la porte et s’effaça pour le laisser entrer dans la tanière du monstre, son regard se posa par réflexe sur la masse humaine localisée sur le bord de ce que l’administration pénitentiaire appelle pudiquement un lit.
Lentement, au prix d’un effort intense pour passer au-delà de la barrière chimique imposée par le staff médical, le tueur parvint à croiser le regard de son visiteur.
L’âme de Silvère fût parcourue d’un frisson d’effroi. Le tueur profita de ce flottement pour bondir avec une aisance et une rapidité qu’on ne pouvait lui soupçonner, vers le flic aussi figé qu’un Rocco devant le trou de la sécu.
/fdata%2F2707841%2Favatar-blog-1086525341-tmpphprkxDEX.jpg){kind=avatar}