22 mars 2010
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Nul n'ignore que ze big combat pré-élections présidentielles se situera au niveau des retraites. Pensez-vous : "on court à la catastrophe ma pôv'dame, avec tous ces vieux qui nous envahissent encore plus sûrement que les estrangers ! Même qu'il se dit au village que certains seraient vieux ET estrangers... pour la peine, on a bien fait de voter ce qu'on a voté, mon vieux Jean-Marie."
Alors qu'est-ce qu'on peut-y donc faire cont' ça, ma pôv Lucette ? Hein ?
Et si on commençait par ne plus croire toutes les conneries qu'on nous raconte ?
L'intégralité du raisonnement sur "le problème des retraites" (remarquez au passage l'utilisation sémantique dite "du pied dans la porte" : les retraites sont forcément un problème) repose sur l'espérance de vie : "on vit plus vieux, donc il faut travailler plus longtemps". Cette phrase a priori frappée du bon sens nous semble incontournable de véracité. Oui, mais... depuis la crise précédée par les pubs "le bon sens près de chez vous" je suis devenu méfiant : qu'est-ce que l'espérance de vie, au fait ?
Selon la définition officielle, l'espérance de vie est le nombre moyen d'années que peut encore espérer vivre un individu s'il reste soumis toute sa vie aux condidions de mortalité de l'année d'étude.
Mon Dieu ! Qu'ai-je lu ? Enfer et damnation ! L'espérance de vie serait une moyenne ?!!
Vous allez me dire, kèssapeufer ?
Ben sapeufer beaucoup : prenons le simple exemple des années 2000.
Il est établi que depuis ces dix dernières années, l'espérance de vie n'a augmenté que d'1,5 an... ça fait déjà moins peur, non ?
Mais par ailleurs, d'un seul coup d'un seul, voilà-t-y pas que ça s'arrête en 2003 (foutue canicule qui gâche tous les plans !) et que ça augmente fortement ensuite. Ze winner is donc l'année 2004, si particulière qui nous fait vivre plus vieux.
Pourquoi ?
Deux raisons à cela, à part l'invention du Gibolin :
1 - L'effet canicule qui a permis des améliorations en terme de prévention envers les personnes âgées : ce n'est pas mon arrière-grand-mère qui s'en plaindra.
2 - La prise de conscience par le corps médical que, contrairement aux croyances précédentes, il faut coucher les bébés sur le dos. Ainsi, le taux de mortalité infantile (mort subite du nourrisson) est passé de 4,5 en 2001 à 3,6 en 2005. Ce même taux passé de 52 en 1950 à 7,3 en 1990 avait mené dans le même laps de temps, l'espérance de vie à augmenter de plus de dix ans.
Il s'ensuit logiquement que si l'espérance de vie a augmenté sensiblement ces dernières années, c'est surtout parce qu'il y a moins de mortalité infantile, et non parce que l'on devient vraiment vieux ! Rappelez-vous que c'est une question de moyenne.
Donc, affirmer que l'on vit plus vieux parce que l'espérance de vie augmente est en soi une hérésie... puisque c'est juste que l'on meurt moins jeune. La nuance est d'importance, puisqu'elle détermine le nombre de personnes arrivant à l'âge de la retraite.
D'ailleurs le Conseil d'Orientation des Retraites (COR) avec lequel je ne suis pourtant pas souvent d'accord, vient de démontrer que l'allongement de l'espérance de vie n'accroîtrait le nombre de retraités que de manière très modeste (3 % à l'horizon 2020). Absolument rien qui ne soit maîtrisable collectivement, d'autant que le nombre de départs en retraite se réduira avec les générations moins nombreuses qui ont suivies celle du baby-boom.
Un vrai problème, les retraites ?...
Sources : Ined, Cor, Insee.
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